En Janvier dernier, Marcel Offermans, un vétéran de l’industrie de la simulation de course, donnait une masterclass restée confidentielle jusqu’à récemment. Cette session très instructive présente non seulement un aperçu du dernier projet de Offermans, «The Last Garage», mais apporte également un angle de vue précieux sur l’avenir de la simulation de course dans son ensemble.
Quelques mots sur The Last garage
En Janvier dernier Marcel Offermans prenait la parole au Sim Formula Europe Seminar de Maastricht. Durant sa présentation, l’ancien Managing director de chez Studio 397 nous dévoile les contours de son projet The Last garage tout en donnant ses 7 commandements pour l’avenir du simracing. Le jeu, encore au stade de projet, ambitionne de repousser les limites de ce qu’il est actuellement possible de faire en matière de simulation de course.
#1 Suivre les évolutions technologiques
Le paysage du simracing évolue considérablement grâce aux progrès rapides des technologies informatiques. Offermans souligne le fait que la croissance exponentielle de la puissance de calcul offre de nouvelles possibilités au niveau de la physique des voitures.
Pour autant, cela implique de revoir la façon dont sont développés les programmes informatiques. De cette manière, la plupart des simulations actuelles comme iRacing ou rFactor utilisent des technologies datant de plusieurs dizaines d’années. Réussir à maintenir ces outils en prenant en compte les technologies actuelles se révèlent extrêmement compliqué.
“Design things for change”
Marcel Offermans
Par conséquent, Offermans insiste sur le fait qu’il faut aujourd’hui penser et créer des outils plus modulables afin qu’ils puissent évoluer correctement au fil du temps. Enfin, au-delà des évolutions technologiques, il s’agit aussi de pouvoir suivre les évolutions de la physique des véhicules. On peut prendre l’exemple de l’arrivée des moteurs hybrides qui seront de plus en plus présents dans les voitures.
#2 Graphismes
Bien entendu, si les technologies se développent rapidement, il en va de même pour les graphismes. Pour autant, il est important de décorréler graphismes et physique puisque la physique reste la même au cours du temps, on ne change pas les lois de la nature. A l’inverse, les moteurs graphiques peuvent permettre un meilleur rendu. De même, il faut essayer d’anticiper les évolutions du marché avec peut-être une démocratisation de la VR ?
#3 La Sonorisation
Centrale dans la simulation, la sonorisation est un élément très complexe qu’il faut diviser en deux parties distinctes, d’une part la capture sonore, d’autre part le rendu.
En effet, Offermans explique que la capture de son est faisable mais le plus gros défis se situe dans la capacité à isoler chacune des sonorités. Pour ce faire, une piste pourrait être d’avoir un simulateur de sons à part entière à l’image du projet Engine Simulator.
Une fois capturé le son est aussi dépendant de son environnement ce qui demande énormément de ressources pour être correctement simulé. Quelques pistes sont à l’étude, à savoir le parallélisme des processeurs et même le raytracing sonore.
#4 L’intégration des équipements
Offermans nous explique à raison que le schéma de fonctionnement des équipements reste aujourd’hui très fermé puisque tout passe par une même interface, votre ordinateur. On peut imaginer des pistes d’améliorations sur la capacité à simuler les changements de vitesses par exemple. Pour autant, l’industrie se dirige dans la bonne direction suite à la démocratisation du direct drive et les évolutions des pédaliers comme les Active Pedals de chez Simcube.
Enfin, pourquoi ne pas aller plus loin dans l’intégration en ayant la possibilité d’équiper facilement des systèmes du monde réel ? Une idée que l’on peut imaginer en utilisant la technologie CAN bus. Ce protocole permet de faire communiquer différents équipements de manière fluide. De même, on peut imaginer demain pouvoir intégrer l’ABS grâce au CAN bus, toujours dans le but de renforcer le réalisme et la performance globale de la simulation.
#5 Multijoueur
De plus en plus central dans l’univers des jeux, les modes multijoueur et compétition restent très dépendant d’internet. De ce fait, le risque de déconnexion est plus important durant les courses d’endurance. Aussi, les infrastructures restent à la merci des DDOS ou autres sabotages pouvant ainsi pénaliser un événement entier. Aucune alternative n’est disponible actuellement. Cela en fait donc un domaine supplémentaire à améliorer.
#6 Détecter la triche
Comme dans de nombreux sports, la triche est un élément qu’il faut pouvoir combattre. Cependant, le manque de solutions disponibles poussent les développeurs à mettre le problème sous le tapis. En effet, comment détecter l’utilisation d’outils tiers pendant les courses ? Comment contrôler les équipements ?
#7 E-sport
Le e-sport a vu son audience augmenter drastiquement pendant la pandémie mais connaît aujourd’hui un retour à la normale. L’important selon Offermans est de trouver un écosystème pérenne où les équipes puissent évoluer mais aussi où les spectateurs puissent profiter un maximum. Cela passe par prévoir des canaux audio différents selon les langues par exemple ou encore avoir un système capable de tourner h24.
Conclusion
Ainsi, entre constat et idées à explorer, Marcel Offermans pointe du doigt les éléments importants à considérer pour le futur du simracing. Entre défis techniques, intégration et diffusion beaucoup de sujets semblent être au centre de l’attention du développeur. On a hâte de voir comment certains de ces sujets prendront vie dans “The Last Garage”.